Raconte-nous ce que tu fais ?
En devenant coworker chez Silversquare, j’ai challengé Axel sur l’esthétique des bureaux, il m’a demandé ce que je ferais si j’étais l’architecte des lieux. Je lui ai expliqué qu’au lieu de travailler avec une société qui décline une identité visuelle identique dans chaque espace, je travaillerais avec des artistes différents à chaque fois. Que la spécificité devienne une multitude de démarches. Que chaque espace ait une tête d’affiche…
Mais travailler avec des artistes c’est compliqué non ?
D’abord, on veille à ne sélectionner que des artistes avec des personnalités agréables ! Et puis, les artistes sont des gens qui travaillent pour leurs convictions et ils ont la certitude qu’ils font quelque chose utile, qui fait avancer le monde. C’est une vraie force. Ce qui m’intéresse chez les artistes c’est leur liberté de penser. On réinvente la roue à chaque fois, oui c’est compliqué. Mais c’est très important de redonner la place aux artistes, ils étaient centraux dans l’architecture jusqu’il y a 200 ans. C'est étonnant qu’ils aient perdu cette place, pour moi c’est un retour à la normale.
Concrètement, ça se passe comment ?
On a commencé avec Lionel Jadot qui a créé SQ Delta et convaincu les membres, les investisseurs, les équipes, de la pertinence de l’approche. Les résultats ont suivi immédiatement : on a atteint le remplissage souhaité avec un an d’avance. Le produit plait, cela a ouvert les portes pour les espaces suivants, on a eu carte blanche pour innover et créer une atmosphère différenciante.
Donc les artistes s’improvisent architectes ?
Non, nous créons des guidelines qui permettent de reproduire la configuration de l’espace bureau. Et puis on sélectionne un artiste, et on le présente au board. On apprend à cet artiste à devenir décorateur : on le forme sur l’éclairage, les consignes de sécurité, la création de prototypes avec un menuiser par exemple etc.
Certains racontent une histoire, d’autres dessinent tout ce qu’ils veulent faire. Ensuite, on attribue le chantier à un bureau d’architecte et on assiste aux réunions, en s’assurant que le bureau ne dénature pas la qualité artistique du projet.
Vous vous êtes pris les pieds dans le tapis ?
On construit des puzzles très compliqués et on apprend au fur et à mesure. On fait des erreurs tout le temps, on l’assume, on les corrige… ou on ne les corrige pas ! Par exemple, la réception à Stéphanie ne jouait pas son rôle, du coup on l'a recrée au centre de la communauté. Aujourd’hui, elle s’avère être l’une des réceptions les plus efficaces.
Comme rien n’est standardisé, on doit réinventer la roue à chaque fois. Ça créé beaucoup de tensions et de frustrations pendant les chantiers mais, c’est drôle, ça génère ensuite une fierté d’autant plus grande. Des ouvriers aux investisseurs, tout le monde est fier de ce que nous accomplissons ensemble.
Quel impact cette démarche artistique a sur la communauté SQ?
On se rend compte que les membres aussi sont fiers de leurs bureaux, ils les font visiter, et c’est porteur au niveau de leur business. Notre objectif est tout à fait en ligne avec la philosophie SQ: augmenter la qualité de vie des gens, contribuer à leur bien-être, à leur plaisir.
Je l’ai expérimenté à mon niveau. A l’origine, j’avais un bureau de 140m2 dans un hôtel de maître et quand nous avons rejoint le coworking, nous sommes passés à un bureau de 17m2. L’équipe était très mécontente, nous n’avions même plus nos imprimantes ou la place d’étaler les plans. Mais après un mois passé chez SQ l’équipe ne voulait plus quitter le coworking et on est même passés en flex, avec uniquement un bureau privatif pour ranger nos échantillons.
Quand les open spaces sont bien faits, ils sont beaucoup plus qualitatifs que des bureaux. L’espace autour de soi fait 100, 200, parfois 600 m2 ! Même s’il est partagé avec d’autres, on se sent moins enfermé et on interagit avec des gens différents. L’environnement SQ est plus riche que si on était dans un bureau d'architectes. Je me rends compte aussi du pouvoir d’attraction de Silversquare, car je n’ai aucun problème à démarcher des talents dans d’autres bureaux pour qu’ils nous rejoignent.
Comment vois-tu l’avenir ?
On va continuer à se réinventer et expérimenter sans cesse. On aura peut-être des espaces créés par des handicapés ou avec uniquement des matériaux seconde main… Tout est possible. On va continuer à réinventer la roue !
2018
SQ Delta avec Lionel Jadot
2020
SQ Zaventem avec Jane Haesen (Lady jane, dj bruxelloise)
SQ Bailli avec Krjst Studio, duo d’artistes dans le tissage
2021
avril : ouverture du rez de chaussée de SQ Europe avec Sebastien Caporusso
Juillet: ouverture de SQ Central (gare centrale) en collaboration avec MANIERA, studio design
2022
Janvier: ouverture de SQ Kanal (dans le batiment quatuor) avec la chanteuse et rappeuse belge Lous & the Yakuza
Mai: ouverture de SQ Guillemins à Liège avec Jean-Paul Lespagnard
Interview par Muriel Van Severen membre de SQ Louise